À l’occasion de la représentation de FAUST, nous avons rencontré Clément Joubert le Directeur artistique de la Fabrique Opéra Val-de-Loire.
Directeur artistique des spectacles proposés par La Fabrique Opéra Orléans depuis cinq ans, pouvez-vous nous dire comment en êtes-vous arrivé à faire partie de cette aventure ?
Le projet est né à Grenoble il y a 14 ans et a véritablement changé le paysage culturel de la ville. L’association a donc voulu diffuser le projet sur le territoire national et m’a contacté pour le créer à Orléans, avec des étoiles plein les yeux.
Grâce aux huit ans d’expérience et à leur enthousiasme, j’ai finalement accepté. L’important était que le projet soit mené par des personnes d’Orléans, pour et avec les habitants d’Orléans.
Quelles sont les valeurs et les motivations communes que souhaite transmettre l’association ?
Toutes les Fabrique Opéra partagent quatre piliers communs : le spectacle est créé avec des lycéens de lycées professionnels et apprentis, le ticket moyen est moitié moins cher qu’un opéra national, la narration du spectacle est en français et la représentation doit être dans un lieu populaire comme le Zénith.
Les lycéens et apprentis font l’opéra avec les artistes professionnels, pour qu’ils se rendent compte qu’ils peuvent être artistes eux aussi et qu’il n’y a pas de différence entre eux et nous.
Quels sont les retours que vous avez pu avoir de la part des participants quant à cette forme nouvelle d’action culturelle ?
L’exemple qui me vient en tête est celui de costumières qui ont fait La Flûte Enchantée en 2017 et qui ont pris leur billet pour voir Aïda l’année d’après.
Rien que pour ces trois élèves, cela vaut le coup de faire ce projet. Bien évidemment, il y a beaucoup d’autres anecdotes.
Faust, on en a tous déjà entendu parler, sans vraiment la connaître. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette œuvre ?
L’histoire part d’une personne qui a réellement existé : Georgius Sabellicus Faustus Junior, professeur au 16e siècle qui avait pour talent de raconter des histoires à ses élèves. Pour cela, il faisait apparaître des formes sur le mur et cela semblait magique. Les gens ont pris peur et on a dit de lui qu’il était possédé par le Diable.
Faust de Barbier & Carré parle d’un vieil homme qui souhaite devenir jeune et décide de faire un pacte avec le Diable. A la suite de cela, il rencontre une jeune fille, Marguerite, dont il tombe éperdument amoureux.
Charles Gounod composera cet opéra, qui sera le plus joué au monde, avant la création de Carmen. Son géni se dévoile entre autres, dans le fait de sublimer la simplicité du texte grâce à sa musique.
En quelques mots, comment pourriez-vous convaincre une personne que l’opéra n’est pas un art «élitiste»?
Il suffit de regarder un film sans la musique : celui-ci perd tout son intérêt. C’est pareil pour l’opéra. Le fait que ce soit long, c’est cela qui fait tenir le spectateur. On prend le temps de vivre l’émotion et c’est un endroit où on a le droit de s’ennuyer, parce que ce n’est pas du vrai ennui, c’est de l’attente, de la réflexion, jusqu’à ce que ça s’éclaire !