LE MUR ORLÉANS

Le street art revient dans la rue

Initié par Orléans Métropole en 2017, mais surtout par Ludovic Bourreau et Jean Michel Ouvry, Le Mur Orléans offre chaque mois 25 m2 d’espace de création aux orléanais. Entre les artistes et la population, les barrières symboliques qui séparent le public et l’art tombent ! Visibles pendant un mois à chaque fois, rue des Carmes, près du cinéma, la programmation d’artistes émergents proposé par les organisateurs, balaye l’ensemble des techniques de l’art urbain pour le seul bonheur des orléanais.

Rencontre à 3 avec Ludovic & Jean-Michel.

Le Stud : Comment est arrivée cette idée de sédentariser le graffiti sur LE MUR en centre-ville d’Orléans et proposer ainsi aux yeux de tous du street art ?

J’observais depuis longtemps le Mur Oberkampf (Paris 11e) et me suis dit que ce serait une bonne formule à proposer pour Orléans, un espace fixe sur lequel des propositions picturales éphémères s’enchaînent tous les mois. Nathalie Kerrien (adjointe à la Culture) a été séduite immédiatement est nous avons monté le projet avec Jean-Michel. La formule est terriblement simple et belle ! NB : ce mur n’est pas dédié qu’au graffiti, mais à la création contemporaine urbaine dans son ensemble.

L’idée était de proposer un moment de partage artistique « hors les murs », c’est à dire hors galeries, gros festivals, etc… On voulait aller à la rencontre d’un public qui au premier abord n’est pas sensible aux arts graphiques émergents en leur proposant un concept de mur éphémère simple et terriblement efficace.

Le Stud : Les institutions accompagnent elles LE MUR depuis le début ou seulement depuis que l’intérêt du public s’est fait de plus en plus important ?

LE MUR ORLEANS a vu le jour parce que la ville d’Orléans a accepté immédiatement l’idée et souhaité le financer à 100 %.

C’était dans l’ère du temps entre 2013/2016, d’ailleurs plusieurs projets étiquetés « street art » ont fait leur apparition en France a Paris (Tour 13) puis Orléans avec « L’école est finie » etc.. Ils ont permis de sonder l’enthousiasme et le rayonnement médiatique pour des projets graphiques. Le Mur d’Orléans est un prolongement de ces gros festivals et il a été validé dès les premières présentations avec la ville d’Orléans.

Le Stud : Comment se passe la sélection des artistes ? Participent ils gracieusement, juste pour défendre et montrer leur travail, ou y-a-t’il (même si je le sais ! ; ) une compensation financière ?

Nous discutons avec Jean-Michel toute l’année des artistes que nous suivons, dont le travail nous semble abouti et de cela émerge une proposition commune. Il est hors de question pour moi de participer à un projet où les artistes ne seraient pas rémunérés. C’est la base de tout projet qui fait intervenir des peintres… les payer ! Un graphiste, un boulanger et un peintre doivent être payés pour leur travail, toute autre approche est malhonnête ! Tous les artistes du Mur reçoivent le même cachet d’intervention.

Oui c’est une sélection en binôme. On discute, on échange, on surveille les artistes émergents, et on regarde les dossiers qui nous parviennent. On cogite beaucoup sur les enchaînements des artistes, l’idée c’est de faire un line-up cohérant et de qualité sur l’ensemble de l’année afin de jongler entre des images hypers narratives et d’autres plus abstraites. On va dire que 90 % des artistes qui passent nous voir sont des professionnels de l’image, on essaye donc de les mettre dans les meilleurs dispositions lorsque nous les recevons. On a un cachet pour chaque artiste, on les loge, on les nourri, on prend en charge le matériel. Bref on se transforme en vrai nounou ! Et on ne se voyait pas leur faire le coup, « Viens gratos, ça te fera de la pub » !!

Le Stud : Globalement, comment est perçu LE MUR auprès de la population ?

J’ai été assez surpris du retour positif immédiat. Je m’attendais à devoir lutter un peu plus mais toutes les générations ont très rapidement adhéré au projet et se le sont approprié. Il est désormais encré dans l’agenda culturel orléanais.

J’étais peut être plus serein que Ludo sur le ressenti du public. Pour avoir peint régulièrement sur des murs similaires dans une vie antérieure, je remarque que le coté performance live de peinture sur le domaine public avec de la couleur interpelle les passants. Ce sont de belles images narratives avec certes un concept artistique, mais on aborde rarement des thèmes de société trop crispants.Et le concept de peinture éphémère rassure sûrement. « Si tu n’aimes pas la fresque, patience, une autre arrive le mois suivant ! »

Le Stud : Depuis 30 ans le Street Art n’a cessé d’évoluer, du vandalisme égocentrique à la galerie d’Art. Pensez-vous que l’esprit Punk, revendicatif du début existe encore ?

Tu as dit un mot important : punk ! L’esprit punk existe encore, il est dans l’adn du graffiti vandale, que j’observe et estime en grande partie pour cela. Ne nous mentons pas, il n’y a rien de punk sur Le Mur Orléans comme dans tout projet bien cadré et organisé.

Oui sûrement, dans tous mouvements artistiques, il y a encore une frange plus punk, plus dans la revendication. Nous avec le Mur d’Orléans, nous sommes les enfants sages !

Le Stud : LE MUR finit sa seconde année, 15 artistes s’y sont collés…

What’s up pour 2019 ?

20 artistes sont passés en 2 ans. La formule est reconduite pour 2019, pas de changement de fond ! Nous souhaitons présenter un maximum d’univers différents, d’artistes émergents et confirmés.

Le Stud : On peut finir avec une anecdote ?

Certainement pas ! Tu t’es pris pour Voici le Stud ?

Heu on n’essayerait pas d’acheter des actions du Kebab Anthalia, notre QG cantine ? Ça sera peut être plus rentable !