HUGO CESTO, TOUT FEU TOUT FLAMME

14h05. Rendez-vous en terre inconnue au 4ème étage. En bas, une école, des enfants qui crient. Et puis nous… enfin moi, qui croise les doigts pour que les mioches n’empiètent pas sur mon dictaphone. Alléluia, si vous me lisez c’est que tout est ok ! Hugo m’a accueillie dans l’appartement où il a grandi, devenu aujourd’hui son atelier. On a mangé des Kit-Kat, parlé de nos années lycée et de nos ami(e)s communs. Enfin… ce n’était pas pour ça que je venais au départ (Rires).

Laissez-vous porter comme si vous étiez avec moi dans la pièce, avec un Kit-Kat (ou pas).

Hugo est un artiste né à Bordeaux mais qui a grandi à Orléans. On dira que c’est un artiste orléanais parce que c’est aussi comme ça qu’il  se considère. À tout juste 25 ans, il nous a transmis en l’espace de quelques heures son amour pour le monde de l’art, un sentiment qu’il cultive depuis petit… Sa mère a toujours beaucoup aimé ça, surtout la décoration.

Dés son plus jeune âge, il choisit de faire de la danse classique avec sa sœur puis, des années plus tard, on le retrouve sur les bancs de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Un profil surprenant lorsqu’il m’explique avoir été une vraie tête de mule à l’école. Hugo me parle de lui comme un garçon dans la lune, inattentif en cours, coiffé de dreadlocks et de cet air nonchalant qui a poussé ses parents à l’envoyer en pension. Un choc. Hugo était prédestiné à être artiste. Plus je l’écoute, plus ça semble évident de le voir là où il est aujourd’hui.

Alors âgé de 13 ans à l’époque, il regarde le film « Basquiat », réalisé par Julian Schnabel. C’est le déclic : « J’ai compris que je voulais m’exprimer à travers mon art. J’ai pris conscience de ce qu’était l’art et son marché ». Au départ il se cherche un peu, il dessine les visages des magazines de mode, il tague des choses parfois insensées et décalées et inconsciemment il devient un artiste. En revanche, lui ne le voit pas de cet œil. « J’ai l’impression de gratter tout juste la surface de ce que je veux faire. »

L’art est un vaste domaine dont Hugo adore tous les aspects : la photographie, le cinéma, la musique, la mode, la danse. Il passe sa vie (quand il ne peint pas) à déambuler dans les galeries et les expositions avec ses proches tous aussi passionnés que lui « mais j’adore ça ! » me confie-t-il en souriant.     Il côtoie des artistes, comme lui mais aussi des collectionneurs, des galeristes. Je lui rétorque : « Tu manges art, tu dors art, tu penses art tout le temps finalement ? ». Dans le mille.

« Tu ne peux pas être trop sociable lorsque tu es artiste sinon tu ne produis plus. » Il est impossible pour un artiste d’avoir ce rythme trop longtemps. Hugo a besoin de se retrouver seul, de devenir un ermite en quelque sorte. C’est pourquoi Orléans est devenu une échappatoire…

Hugo a commencé à peindre des œuvres narratives et complètes à l’âge de 19 ans et il a rapidement compris une chose : dans ce milieu, tu n’as aucune excuse.

Il peint des grandes toiles, immenses même, pouvant lui prendre plusieurs semaines de travail. Il aime représenter la nature sous toutes les coutures : la pollution, les explosions, les morcellements. Son travail a la particularité d’être réalisé au sol. OUI ! Il peint au sol avec des Mop (Swifer pour les amateurs, ou plumeau). Et le rendu est pour ainsi dire surprenant. C’est le terme qui caractérise le mieux Hugo et son travail : SURPRENANT. Il m’explique qu’il applique la technique de graffitis poussée à l’extrême : tu peins la couleur avant de détourer au marqueur.

Notre artiste orléanais prépare une série intitulée : Le feu par le feu. Une série que vous découvrirez bientôt, qui aborde la surenchère de l’argent et de la condition humaine. « L’idée était de représenter à travers cette série, l’histoire d’un individu, homme ou femme qui met le feu à tous ses biens : on y retrouvera une Cadillac en feu dans la jungle, une fleur qui prend feu et toutes sortes d’éléments qui prennent feu. » Le feu sous toutes ses formes par Hugo Cesto, c’est coloré et flippant.

Notons que depuis maintenant quelques lignes, seules ses peintures sont évoquées, mais son travail est exploité dans bien d’autres secteurs plus passionnants les uns que les autres. Des projets sont en cours avec l’horlogerie et la joaillerie. Il a collaboré avec une grande marque de streetwear. Vous pouvez également vous procurer son œuvre représentée sur un tapis (dont je tairais les dimensions tellement c’est grand, allez jeter un œil).

HUGO EST PARTOUT ET MÊME SUR DES PROJETS LOCAUX. EXPLICATIONS !

Notre artiste tout feu tout flamme s’engage pour les enfants. C’est une cause qui lui tient à coeur, c’est pourquoi il a collaboré avec l’Aselqo (Animation So- ciale Éducative et de Loisirs des Quartiers d’Orléans). Ensemble, ils ont repensé la nouvelle brochure des activités pour la Saison 2018 en collaboration avec l’agence de communication goodby* : une brochure sur fond d’œuvre d’Hugo Cesto… Mais ce n’est pas tout… Un projet arrive pour septembre 2018, L’art du transport en collaboration avec PhoneExpress et 5 autres artistes tous issus de la région. Six semi-re- morques sillonneront les routes de France avec, sur leurs flancs, les œuvres de chaque artiste.

Après avoir rigolé quelques minutes, j’étais curieuse de connaître la vision des américains quant au monde de l’art… Inévitablement, Hugo m’a suggéré que les Etats-Unis étaient bien plus ouverts d’esprit sur le sujet. Le marché de l’art est encouragé constamment par la politique américaine. Et puis… je cite   : « Je préfère 1 000 fois les Etats-Unis par rapport à Paris ». Bercé depuis petit dans cet univers d’outre-Atlantique, notre peintre tout feu tout flamme est un amoureux des Etats-Unis.

J’avais promis que je citerai Mary Aboujaoude, cette femme à qui il doit beaucoup. Celle qui lui a permis d’être là où il est aujourd’hui. Le réseau d’Hugo ne serait pas celui-ci si Mary n’avait pas été présente. Cela fait maintenant 5 ans qu’ils se connaissent et c’est sûrement le début d’une jolie relation pleine de complicité. Et sa maman… passionnée d’art et qui a su le lui transmettre.

Enfin, imaginons qu’un jour, je me reconvertisse… Je me suis questionné sur le mur « idéal » pour peindre… Les yeux de Hugo ont brillé et il m’a répondu sans un zeste d’hésitation que c’était une grande galerie majeure à New-York… En tout cas, c’est sincèrement tout ce qu’on lui souhaite.

PS : Quant à ma reconversion, je plaisantais.

Propos recueillis par Caroline Jamet
Photos réalisées par Chloé Daumal